mercredi 19 décembre 2012
Récit d'une survivante de l'inceste.
Dans le cadre du secret de l’instruction, je ne cite aucun nom et demeure anonyme…… Les dates sont véridiques, ainsi que le contenu du récit.
Introduction.
"Le premier souvenir est un flash. ça commence comme un hoquet, comme un cri noir et blanc, très flou, terriblement douloureux. Elle a un ventre de femme enceinte, un autre enfant va naître, ma sœur, la dernière; j’ai dix-huit mois. Elle m’a attachée à ma chaise haute et me frappe avec un martinet. Le visage, les cuisses.
J’ai passé ma petite enfance sous l’escalier, puis attachée à mon lit dans une pièce de neuf mètres carrés.
Voilà, ça commence comme un cauchemar et ça ne prend fin que dix sept ans plus tard, lorsque je quitte le domicile parental pour suivre mon année de terminale au sein d’un prestigieux lycée parisien.
Je fais ici le récit que je radote depuis des mois entiers, sur le forum du Monde à Travers un regard, qui lutte contre l’inceste et la pédocriminalité, à mon avocate, pour préparer un hypothétique procès, les psys, tellement nombreux que je ne saurais les dénombrer.
Le cinq avril, j’ai porté plainte. La jeune femme policier de l’accueil me demande poliment l’objet de ma venue.
Je lui dis tout bas-une foule se presse derrière moi- que je viens déposer plainte pour actes de torture et de barbarie et viols aggravés par diverses personnes sur mineure de moins de quinze ans, de 2 à14 ans. Elle devient blême en un instant.
-qui?
Mon père ma mère, tout d’abord, puis mon frère, et quinze autres personnes impliquées dans deux réseaux différents, l’un implanté vraisemblablement dans la ville d’où je suis originaire, et que je nommerai P. L’autre, je l’ignore……Il y a à tant à vomir.
Elle appelle l’OPJ, qui me reçoit immédiatement.
Première déposition filmée.
1976
Ma mère a pris une jeune fille à son service à ma naissance après une tentative de noyade que m’a racontée maintes fois hilare mon cynique de père, lorsqu’à trois jours, je pleurais dans mon bain. Elle a campé au pied de mon berceau, dans cette chambre pas plus grande qu’une cellule de maison d‘arrêt, toute recouverte de fleurs couleur jaune sale et kaki, sur une tapisserie atroce ,que j’ai tant observée durant mes heures de séquestration que je pourrais les dessiner les yeux fermés, alors que cela fait dix-huit ans que je ne les ai revues.
Irène me servait en quelque sorte de garde du corps, pour empêcher ma mère de me jeter par la fenêtre ou me démembrer à force de me secouer….;elle est partie un jour sans raison, alors on a trouvé bon que je quitte ma chambre, trop coquette ; le placard était parfait pour moi……j’y suis restée jusqu’aux trois ans de ma jeune sœur.
J’avais les deux bras attachés à un tuyau de radiateur qui passait sous l’escalier, et traversait le placard, qui se fermait par un loquet de l’extérieur. Pas d’ouverture, pas d’espace, rien, pas de lumière non plus. Des rouleaux de sopalin, l’aspirateur qu’on rangeait à côté de moi, des litres d’eau de javel et quelques serpillières., des paquets de croquettes pour chat.
Ma mère m’y enfermait nue, sans rien sous moi, et me sortait pour me faire faire mes besoins, marcher un peu dans la cour lorsque mes aînés étaient à l’école. Elle oubliait fréquemment de me nourrir; elle me battait à chaque fois que je pleurais, pour appeler, par faim, lorsque j‘avais trop froid ou trop chaud, par peur aussi, malade d’ angoisse dans cette cage, sans pouvoir bouger.
Par intermittences, on me ramenait dans la chambrette de neuf mètres carrés. Entre mes deux ans et demi , et mes cinq ans, le placard était l’une des nombreuses punitions que m’infligeaient mes parents.
1979
Je pouvais passer des semaines entières sous l‘escalier, puis je réintégrais la cellule kaki de l’étage pour quelques jours.
Parfois mes parents me prenaient dans leur chambre et jouaient sexuellement avec moi. Ma mère aimait beaucoup attacher, et fouetter. En termes sadomasochistes, cela s’appelle le bondage. Il faut appeler les choses par leurs termes…….
Saint -Sylvestre 1979
Ma mère nous avaient couchés tôt, mon frère, mes sœurs et moi.
dans la nuit, elle m’a réveillée et m’a « préparée » pour la première fois.
Elle m’a mise nue. Puis m’a enfilé un collier en cuir, pour chiens, avec des clous. Elle y a glissé une laisse. Ses mots raisonnent dans mes souvenirs. « Si tu cries, je t’arrache la peau du dos » m’a-t-elle dit très clairement.
Nous avons descendu les vingt-cinq marches de l’escalier de chêne, puis nous sommes entrés au salon. Un dizaine de convives nous attentaient, dont mon père, l‘une de mes tantes, la pharmacienne, le dentiste, le commissaire priseur de P. d’autres gens que j’ai oubliés.
-le dessert!
Ils étaient saouls. Ils m’ont fait boire du champagne, mon père m’a fait croquer dans un comprimé que je ne connaissais pas encore, et avec lequel on allait me droguer pendant de longues années pour atténuer la douleur et l’angoisse dus aux mauvais traitements; l’atarax.
Danse!
Sur la table, je dansais, je pleurais
On m’a ensuite enjointe de me masturber tout en continuant mes trémoussements.
Des photos ont été prises, ça riait fort.
Puis je suis passée de sexe en sexe, on m’a pénétrée par l’anus et le vagin, on m’a battue à mort, à coups de savate sous la table.
Pour finir , j’ai servi de meuble d’appoint, à quatre pattes aux pieds de mon père, qui posait sur mon dos reconverti en table basse ses cigares et son énième verre.
Mon père m’a recousue les invités une fois partis, dans sa salle de consultation; il était cardiologue. Je me suis évanouie…………
Été 1979
Un homme que je n’avais jamais vu est entré dans ma vie un jour d’été, peu après mon anniversaire; je ne connais pas son nom, ni son prénom, son visage se mélange à celui de mon père. Il était l’ami intime de ma mère; je pense qu’ils avaient eu une liaison par le passé, et leurs retrouvailles étaient régulièrement plus que rapprochées.
Il est venu me chercher. Je me souviens d’échange de billets de 500 francs entre ma mère et l’homme que j’appellerai le violeur. Ensemble, avec ma mère, nous avons fait le voyage dans la voiture du violeur. On m‘a mise dans le coffre comme un vulgaire valise. Nous avons atterri dans une maison froide, plutôt étriquée et pauvre. J’étais selon ma mère insupportable; il allait lui donner de astuces pour me soumettre durant un « stage« , une pension à durée indéterminée; il m’a fait croire que ma mère m’avait vendue à lui, abandonnée. En réalité, il me louait pour les vacances. Entre en scène le chef de file du deuxième réseau pédophile.
Devant elle, il m’a préparé comme ma mère l’avait fait durant cet hiver; j’ai été mise nue, puis il a enfilé le collier, un autre, mais similaire, un collier pour chiens.
J’ai beaucoup pleuré, il m’a battu avec une cravache jusqu’à ce que plus qu’aucun son ne sorte de ma bouche, épuisée de recevoir tant de coups.
Ma mère est partie sans que je m’en rende compte. Il m’a attachée avec l’aide d’une longe à un radiateur, proche de son coin télé, où il visionnait des films pédopornographiques; durant les premiers jours, il m’appris à ne pas toucher au collier. A chaque fois que je l’effleurais il me frappait les mains avec un martinet ou me brûlait avec sa cigarette. Un matin, il tira violemment sur la longe et m’attira vers son canapé devant la télévision; là il me sodomisa pour la première fois.
Tous les jours j ‘étais battue, promenée en laisse dans son jardin pour faire mes besoin; il me lavait au jet.
Je passais les repas sous la table, parfois il me forçait à lui faire des fellations pendant qu’il mangeait. Je devais partager l’assiette du chien, un malinois féroce qui ne laissait pas aisément approcher quelqu’un de sa gamelle. Je finissais les restes du chien, rongeais les os déjà bien nus.
Le samedi, des convives venaient et les soirées viraient au cauchemar. J’ai encore vu des transactions d’argent. Je distribuais à boire, à manger, les mains étaient baladeuses………. je fus violée à répétition chaque samedi, parfois par plusieurs hommes à la fois. Il y avait aussi des femmes.
Durant ce premier séjour, il m’apprit tout en matière de sexe, il aimait répéter à ce qu’il ferait de moi une « vraie petite pute »…….
Je n’avais pas le droit de porter mes yeux sur lui, de lui adresser la parole, sous aucun prétexte.
Il inaugurait chaque matinée par une correction puis me « consolait » en me masturbant à la barbare, avec des objets, des sextoys divers.
Le « violeur » était un bricoleur doué…….un jour il m’enfila ce qu’il nommait « la muselière », une sorte de casque avec une boule qu’on enfonçait dans la bouche, un casque adapté aux crânes de jeunes enfants…c’était lors des tortures, pour que les voisins n’entendent pas les hurlements…………..
Durant les viols il passait de la musique pour enfants, Anne Sylvestre et Dorothée, en visionnant des films où d’autres enfants subissaient d’autres viols.
Je vécu le pire chez cet homme. Il m’enfonça un jour une bougie allumée dans l’anus, un autre, me frictionna le sexe avec des orties. Après les coups de cravache, il passait mon dos au vinaigre……
Un jour il me passa le sexe à la nourriture pour chiens, et força le malinois à me lécher……je me souviens d’avoir été prise de soubresauts silencieux; il m’avait averti que si je criais, je chien me tuerait. Je revins chez lui régulièrement jusqu’à mes huit ans, où un évènement mit fin à ces horreurs, du moins chez ce pédophile .
À mon retour, j’étais hagarde, complètement déphasée. Je me mis à devenir bègue par moments, puis le bégaiement s’installa pour de longues années. Mon père me mis sous atarax à haute dose.
Ma mère prit les « réflexes éducatifs » de son ami le violeur d’enfants, et m’offrit pour fêter mon retour une cravache flambant neuve, qu’elle avait choisie chez le vendeur, petite et souple, maniable. Je reçus le présent enrubanné sous du papier cadeau…..elle me corrigea pour l’étrenner. Ce fut le début des châtiments corporels compulsifs, à n’importe quel moment de la journée , sans raison.
Dorénavant, je vouvoyais ma mère, ne posais plus les yeux sur elle sauf ordre express de sa part, et l’appelait « madame », ou « maîtresse ». Je n’étais plus sa fille, j’étais sale et répugnante, lascive et perverse, d’ailleurs je n’étais pas digne d’amour. Elle me donna toute sortes de sobriquets, débile, putain, vagin, petite crotte, et me faisait venir en hurlant « au pied! ». Elle me répétait que j’étais pire qu’une chienne; je le crus aisément……..
Je me remis à faire au lit. Cela me valait des corrections qui me faisaient tourner de l’œil régulièrement, et j’ai encore à 35 ans les cicatrices de lacération qu’elle me fit subir. Toute la matinée après mes crises d’énurésie, je devais rester le drap souillé sur les la tête et les épaules; je puais l‘urine, et mes frères et sœurs exercèrent un sadisme qui se généralisait à la famille entière.
Au début, ils se contentaient de moqueries, puis ils s’amusèrent à me pincer les fesses, les bras, lorsque je passais devant eux; Ils se mirent à me corriger à leur tour, surtout mon aînée de six ans plus âgée. Elle me mettait cul nu et me fessait jusqu’à ce qu’elle obtienne la satisfaction de les voir « rouges comme des tomates », expression qui l’amusait beaucoup.
Si j’avais le malheur d’en parler à ma mère, j’étais corrigée en retour par cette dernière, qui refusait pour moi toute protection; elle enjoignait mes aînés-par la suite ma jeune sœur- à la délation….je ne pouvais me plaindre, mais leurs doléances à mon encontre étaient toujours entendues, et la réponse venait immédiatement à coups de cravache ou autres objets destinés à me faire souffrir le plus possible. J’avais alors juste trois ans.
Je ne connus que très peu la maternelle; je la fréquentais uniquement si mon visage était « visible » (rarement);
J’étais perpétuellement recouverte, de la tête aux pieds, de couches d’habits étouffants, jusqu’aux sous pull en plein été pour cacher les marques du collier que mes parents continuaient de m’imposer lors de leurs soirées avec le premier réseau, que je rencontrais pour la première fois en ce fameux soir de la saint sylvestre 1979.
Cette année là, je dus passer toutes les vacances scolaires chez le « violeur »; un vétérinaire me soigna un jour car je fis une hémorragie à force de me voir enfoncer des objets contendants dans l’anus. Il était ami avec le pédophile qui me torturait avec délices. Il prit tout le temps de me recoudre à vif;. Ce vétérinaire fut aussi l’un de mes violeurs…il s’occupait des animaux de ferme de la campagne environnante………
Lorsque je revenais de ces « stages », ma mère redoublait de violence, et mettait en place de nouvelles idées juteuses pour me malmener. A une époque, elle m’interdit tout bonnement de parler, rire, pleurer, d’aller aux toilettes. Je n’avais absolument plus droit à rien. Je fus bannie de ma fratrie, qui prit un malin plaisir à me faire réagir pour que je reçoive la correction promise.
Pendant des semaines entières, ma mère m’attachait à mon lit et ne venait qu’une fois par jour pour m’apporter une mixture ignoble dans une gamelle du chien……les aliments du repas étaient mélangés, soupe, yaourt, viande, purée. Je devais laper le tout. Si au bout d’une heure je ne l’avais pas mangée, elle me frappait au visage à coups de poing pour que je l’ingurgite froide, au risque de ravaler mes régurgitations. J’avais souvent sous moi une auréole d’urine, dans laquelle je baignais. Parfois je restais à macérer dans mes excréments……La main droite était attachée avec des menottes à mon sommier, je dormais assise la tête sur le lit, le reste du corps courbé par terre. Je suis née droitière, je perdis l’usage de cette main et me fit gauchère…..
C’est pendant ces longues périodes de séquestration que mon père vint me rendre visite dans ma chambre. Il venait la nuit surtout, et me caressait le sexe en me disant que j’étais la plus douce que les autres, que j’étais un vrai jouet vivant, une poupée , que j’étais drôle à pleurer pour « rien ». Ses visites se multiplièrent, il était éjaculateur précoce, alors il fallait qu’il aille vite, c’était assez épique. Il préférait me pénétrer par l’anus, et je me souviens de ma tête écrasée sur le matelas par sa main tandis qu’il forçait à toute allure et jurait de ne pas y parvenir. Il se mettait dans des rages folles lorsque je criais. Ou bougeais un tant soit peu. Il ne fit pas mieux que ma mère et fut d’une extrême violence à mon égard. rapidement Il m’enfonça dans la bouche un mouchoir imbibé de vinaigre pour que je me taise , la bouteille toujours à disposition à côté de la vaseline et des sextoys dans l’alcôve de ma chambre, donnant sur la cour arrière par une lucarne.
1981
En grandissant, les besoins sexuels de mon père devinrent plus nombreux, et plus difficiles à satisfaire. Je ne passais pas une semaine sans être convoquée dans son bureau. Parfois il venait me chercher doucement et me prenait la main pour m’emmener dans des endroits de la maison qui l’inspiraient sûrement, comme la cave à bois, assez pratique du reste car elle se fermait de l’intérieur par un verrou.
La salle de bain dans la baignoire vide, le lit conjugal, ou encore la salle de consultation. J’en ai gardé la phobie des tables d’auscultation et les cabinets de médecins.
Il me battait régulièrement avec la boucle de son ceinturon, car sa précocité ne s’arrangeait pas. J’en conclus dans mon esprit d’enfant à une faiblesse, et je me protégeais en le haïssant, en le méprisant; ma mère était selon moi la tête pensante, la meneuse du couple, la dominante au sein de cette famille folle. Les insultes que m’apprenait en cachette mon frère aîné fusèrent de ma bouche contre mon géniteur.
J’étais devenue presque insensible à la souffrance physique, ayant été malmenée depuis la naissance, et habituée à ne rien exprimer durant les châtiments corporels souvent interminables-elle ne s’arrêtait de fouetter que lorsque je me taisais-, je pus aisément mimer l’indifférence, d’autant qu’une dissociation s’installa en moi. Je sut rapidement m’abstraire des scènes de viol et de tortures physiques de ma mère ou des violeurs en pensant à autre chose, pas forcément quelque chose de beau ou de doux du reste. Je « partais » comme dans une autre dimension…..et ne ressentais absolument plus rien, du moins jusqu’à mon « réveil » à la réalité.
La fureur de mon père ne servait à rien, mais mon indifférence et mes sarcasmes, mes insultes le rendirent encore plus violent, et il me laissa pour morte plus d’une fois dans cette horrible cave à bois; Parfois il inventait des jeux sadiques , comme me faire des radios du thorax en me disant que les radiations allaient me tuer, en me forçant à rester couchée sous son bureau durant des heures, lorsqu’il qu’il dictait les lettres destinées à ses confrères.
Ma mère, qui n’avait plus de rapports sexuels avec mon père, devint comme jalouse de cette maltraitance. J’étais dans sa bouche « la putain de mon père », et sa haine grandit davantage.
Un épisode datant du printemps 1981 me faire dire que mes parents ne pouvaient m’emmener chez le pédophile du deuxième réseau comme ils le souhaitaient…….
Un jour où mon père me faisait rentrer de force dans la cave à bois, je le mordis à la main pour qu’il me lâche. Il me prit sur son épaule comme un vulgaire sac de pommes de terres et m’engouffra dans le coffre vide de la Simca familiale. « je t’y emmène définitivement », me dit il.
Il roula pendant des éternités, comme un fou, sur des routes plutôt chaotiques. Je fus éberluée au bout d’une à deux heures, de réaliser lorsqu’il ouvrit le coffre que j’étais revenue à la case départ, devant le portail blanc de la propriété de mon père.
Il me promit qu’à la moindre incartade, il m’y laisserait pour de bon.
J’y revins de nombreuses fois, mais je crois fortement que ces visites étaient planifiées en fonction des obligations et de l’emploi du temps des membres du réseau pédophile.
Lorsque les enfants étaient à l’école, je me retrouvais la proie aisée de ma mère. Sans témoin, il était certain qu’elle pouvait se laisser aller à tous les débordements. « Putain de mon père » , il fallait que j’en paye les conséquences.
Lors d’un cours de broderie- notre mère nous soumettait très tôt à des exercices de couture et de travaux ménagers, mes sœurs et moi-, elle m’avait fait venir dans le salon…….. Tandis que mon père m’inspirait dégoût et mépris, ma génitrice me terrorisait. Je pensais que jamais je ne pourrais m’opposer à elle, encore moins la vaincre……..
L’exercice de broderie était trop difficile, je n’avais que cinq ans à peine. Elle me fit venir aux pieds et me piqua chaque doigt avec l’aiguille, jusqu’au sang. Je ne pus poursuivre la broderie demandée avec insistance; il s’agissait de reproduire deux horribles mésanges sur une branche d’arbre, avec une maison au toit rouge en décor. Je reçus, mains derrière le dos des dizaines de gifles, et en sortit avec la lèvre une nouvelle fois fendue. Elle m’insulta à de nombreuses reprises, m’interdisant de pleurer, de lever le regard sur elle.
C’est ce jour là qu’elle me viola sans objet pour la première fois. Comme j’étais une prostituée, je dus en faire la démonstration, et elle m’ordonna de lui procurer le même plaisir qu’à son mari. Elle enfourna ma tête entre ses cuisses et j’appris ce jour là à satisfaire les femmes en découvrant les cunnilingus.
Je fus renvoyée dans ma chambre, à coup de pied au derrière; Le lendemain, j’étais convoquée au salon pour une nouvelle séance de couture; les viols devinrent incessants, avec des variantes plus ou moins barbares.
Après l’avoir satisfaite, les viols se prolongeaient dans le salon par des pénétrations forcées. Je restais parfois des heures des vibromasseurs dans l’anus, debout, le pantalon à mes chevilles, contre le mur, ou à genoux aux pieds de ma mère, qui lisait tranquillement………..un jour elle trouva très amusant de mettre ne scène l’expression « avoir un plumeau dans les fesses ». Mon père fut appelé pour l’occasion…..ce tableau obscène le ravit.
1982
C’est l’année de mon entrée au CP. Encore deux ans et j’allais rester handicapée de la hanche et de la jambe droite. Pour l’instant, je pouvais encore me trémousser sur la table d’acajou massif lors des soirées orgiaques, et courir très vite lorsque mon frère me pourchassait avec se arcs et flèches artisanaux ou sa carabine à plomb chargée et flambant neuve. Du moins lorsque je n’attendais pas la venue de mon père, de ma mère ou du violeur, attachée aux barreaux de mon lit ou au radiateur de cette maison inconnue…..
On m’installa un temps dans la chambre de mon frère quand ma plus jeune sœur décréta qu’elle voulait ma chambre pour elle. La pièce fut embellie, décorée et meublée. Je fus mise dehors, du jour au lendemain. Ma sœur aînée me dit que je n’avais rien, que je n’étais rien, la preuve en était. Je croyais que j’aurais davantage la possibilité de me protéger en étant l’invitée de mon frère. Il a quatre ans de plus que moi. A cette époque, il en avait donc 10. On installa mon lit en fer à côté du sien.
Le premier soir, il me réveilla, prétextant un cauchemar; il est vrai que j’en faisais beaucoup. Il me proposa pour me rassurer de dormir dans son lit; les premiers attouchements commencèrent à cette époque…………
Le matin, nous partions à l’école. Mais j’étais levée la première, même en dormant dans la chambre de mon frère. Ma mère me réveillait à cinq heures. Sans bruit, elle me faisait descendre jusqu’à la cuisine où était installé mon père qui partait tôt pour ses consultations dans la clinique où il exerçait alors.
J’allais sous la table et je devais rester là, sans bouger; On me mettait généralement nue, et je pratiquais régulièrement des fellations à mon père sur ordre de ma génitrice; le sperme étant selon elle « bourré de protéines« , ce fut pour moi mon unique petit déjeuner pendant des années……...J’en garde un souvenir écœurant dans la bouche. Si mon père éjaculait trop vite, j’étais en tort et battue par les deux. Un jour ma mère me jeta son café sur la tête en guise de représailles. J’étais décidément maladroite.
Mes angoisses augmentèrent avec la primaire. Je me mis à faire des crises terribles, de vraies transes, où je hurlais littéralement. Ma mère soigna mes phobies à grands coups de cravache après des douches froides interminables où je suffoquais , et qui m‘ont rendue cardiaque dès mes dix sept ans.
Mon frère était sadique autant que mes sœurs. Il organisait régulièrement des « combats de boxe » entre ma cadette et moi pour consoler cette dernière. J’avais ordre de ne pas me défendre, de recevoir les coups qu’elle déchargeais sur moi avec toute sa hargne; Etant malnutrie, subissant régulièrement des nuits sans dormir, des tortures interminables, je paraissais déjà plus jeune qu’elle, bien que nous ayons 22 mois d’écart; j’aurais voulu me défendre qu’elle aurait malgré tout eu le dessus. Elle prit l’habitude de me battre avec fureur. Cela ne cessa que lorsque j’osai enfin rendre coup pour coup, à 22 ans.
1984
J’avais pris l’habitude de me cacher dans la maison, et de ne plus venir lorsqu’on m’appelait; il fallait qu’on me cherche longtemps. Lorsque le pédophile du réseau n°2 venait ou qu’il s’agissait de m’y amener, j’étais invisible, et retardais le départ de quelques heures, à des journées entières. Une fois je suis restée deux jours derrière un tas de bois. La maison était tellement grande qu’en fouiller tous les recoins réclamait du temps.
Mes parents prirent cette nouvelle attitude pour de l’opposition, et devinrent extrêmement vigilants à ce que j’obéisse « au doigt et à l’œil »…..les corrections fusèrent, et l’on ne me prévint plus lorsque venait le moment de partir chez cet individu.
Mais pas seulement. Ma mère prenait la précaution de m’enfermer à double tour, de préférence dans le coffre de la voiture, ou bien m’attacher dans ma chambre. Ils m’enfermèrent dans le garage une nuit, pendant une semaine. Je dormais sous la voiture, noire de cambouis et fut réduite à manger des croquettes pour chats, la seule nourriture à laquelle j’avis accès. Pour « m’appâter, »mon père déposait une écuelle d’eau devant le carton où je m’allongeais sous le moteur de la Simca. Je n’en sortais que lorsqu’il quittait ma prison, de peur qu’il me touche…un jour, il me tira le bras et me viola à même le sol, trop heureux d’éjaculer en moi et pas dans son pantalon.
Je me souviens que mon frère glissait sous la porte de fer de ce garage étouffant des petits plis en feuille d’aluminium avec des gâteaux écrasés ou des morceaux de fruits. Il venait chaque soir, après la venue de mon père chargé de son écuelle d’eau tiède. Mon frère me sauva de la famine en m’alimentant régulièrement; c’était mince, mais j’échappais ainsi à la famine.
A ma sortie, la cour était fraîche en comparaison du four où j’avais été séquestrée.
C’était pourtant un été de canicule. Il y eu vraisemblablement un contretemps, car le pédophile ne vint qu’un mois plus tard. Ou bien mes parents avaient décidé de marquer leur supériorité en me réduisant à un petit animal campant sous une voiture à laper dans une écuelle pour chiens et manger des croquettes à pleines mains plongées dans les sacs gigantesques stockés là? Je ne le saurais jamais.
Un mois après ma mère me saisit brusquement le poignet à la sortie d’un repas que j’avais pris en famille, et m’emmena à l’étage pour me pousser dans la salle de bain. Elle la ferma à double tour, sans mot dire. Je compris immédiatement ce qui allait arriver. La fenêtre était grande ouverte sur juillet qui prenait fin, la cour avant de la propriété familiale, les clochers de la ville de P.
Je pris peur lorsque j’entendis le moteur d’une voiture stopper net devant la grille et que je vis de ma fenêtre mon violeur entrer tranquillement tout sourire dans la cour. Il portait un pantalon de toile beige, c’est tout ce dont je me souviens; il était très mince, jeune. Il y eut des rires, des exclamations, puis j’entendis les talons de ma mère arpenter l’escalier qui menait à l’étage. Saisie de panique, je cherchai à fuir. Ne trouvant aucune issue possible, je me jetais dans le vide. J’atterris deux étages plus bas, sur le ciment dur de la cour avant bordée de rosiers.
Ce fut ma première tentative de suicide, à huit ans. Je ne sentais plus mon corps, voyais autour de moi que du noir, entendais par contre très distinctement les hurlements d ema mère qui se disputait avec mon père, et les rires de cet homme qui trouvait cette situation amusante. J’avais le bassin fracturé, ainsi que la jambe droite.
On ne m’emmena jamais aux urgences; mon père me prit dans les bras, je me souviens qu’une décharge intense me traversa le corps; je hurlais; il m’installa dans mon lit accompagné de ma mère……le violeur avait disparu……..je ne le revis jamais.
On attacha mes deux jambes l’une à l’autre avec des bandes Velpeau, et l’ont fixa une attelle entre les deux jambes maintenues par deux. Ma mère m’attacha les poignets aux montants du lit, dans ma cellule de neuf mètres carrés, que j’avais réintégrée depuis longtemps. Régulièrement mon père m’injectait un produit dans la cuisse, vraisemblablement des antibiotiques. J’étais bâillonnée, attachée. Je ne pouvais absolument pas bouger. Les médicaments administrés me rendirent intolérante à la lumière; je restait dans le noir durant tout l’été.
Ma mère remplaça rapidement mes plateaux repas par de la nourriture en boîte pour chiens…..je devais comprendre que les sévices ne prendraient pas fin, qu’ils restaient les plus fort, et que ce chantage, en tentant de mettre fin à mes jours n’avait pas marché ……. les sévices prirent une autre forme, mais je ne fus à cette date plus jamais en contact avec les réseaux.
Les viols parentaux se poursuivirent jusqu’à ma puberté, à 13 ans; les tortures physiques un an plus tard, lorsque ma mère fit une crise cardiaque.
Ma rééducation fut barbare….je réappris à marcher le long du palier où se trouvait ma chambre. Je ne retrouvai jamais entièrement l’usage de ma jambe droite, qui me lance les jours de pluies, le pied droit se tourne sans cesse, enfin j’ai deux sciatiques qui m’handicapent régulièrement et très douloureusement; je boîte souvent, ne suis plus en mesure de courir, de marcher longtemps, ni de rester debout. Je n’ai que 35 ans et je fais déjà de l’arthrose.
Je fis à cette époque de nombreuses crises de tétanie, j’en fais encore par périodes….. Ma mère repris l’habitude de me fouetter à coups de cravache, encore en convalescence. J’étais corrigée plusieurs fois par jours, de plus en plus durement, au fur et à mesure que je me rétablissais. Lorsque je retrouvais l’usage de mes jambes, et que l’on fut assuré que le tout était ressoudé, mon père et ma mère me violèrent à tout va………. Le cauchemar a continué dans l’indifférence générale, pendant encore 6 ans.
1985
Mon frère était de plus en plus insistant avec moi au fur et à mesure qu’il se rapprochait de la puberté. Il allait avoir 14 ans. Un jour, Il me fit visionner des films pornographiques en me forçant à me masturber avec lui et l’un de ses amis en villégiature chez nous, sous une couverture. Les deux garçons souhaitaient m’initier au plaisir du sexe; je n’en connaissais que la douleur.
La masturbation mécanique, compulsive, occupa dès lors mes journées. Cela rendit folle de rage ma mère qui me surprit à plusieurs reprises . Elle eut beau me corriger, je ne cessais pas pour autant mon onanisme qui ressemblait à de la rage. Naquirent en moi les premiers fantasmes, nourris de violence et de la souffrance que je m’infligeais dès lors sans l‘aide de personne.
Les premières mutilations débutèrent alors; Les objets tranchants servirent à me faire saigner, le sexe et les bras ainsi que les jambes. J’écrivais à même ma peau des mots entiers avec les couteaux de cuisine que je chipais à ma mère. Je retranscrivais les insultes qui me servaient de nom sur mon abdomen, des mots d’amour aussi, pour ma mère que je vénérais……mon bras était recouvert fréquemment du mot « maman », recopié des dizaines de fois; le sang qui coulait purifiait la souillure des viols que je subissais toujours.
1988
À douze ans j’entrais en crise autistique qui dura quelques mois. Je me balançais et ne disais plus un mot. Je restais de heures en total mutisme, et personne ne pouvait me faire parler. L’univers fantasmatique dans lequel je vécus alors était fait de cris, de terreurs, de vision d’horreur. Je développais une psychose précoce qui ne fut détectée qu‘en 1998, à l‘âge de 21 ans.
Peur du scandale? J’étais perpétuellement mutique et frôlait les murs du collège, les yeux hagards; on pensait fréquemment me mettre en classe spécialisée. Par ailleurs j’étais totalement analphabète
Après avoir été convoquée un fois par un jeune directeur qui se lassa bien vite, elle mis un peu moins d’ardeur à me battre……
Puis mon père cessa progressivement de me toucher, lorsque mes seins poussèrent et qu’un duvet apparut sur mes jambes et mon sexe….il n’aimait décidemment que les très jeunes enfants.
1990
Lorsque j’eus 14 ans, ma mère fit une crise cardiaque à laquelle elle survécut…….. Mes aînés étaient loin déjà, étudiants parisiens qui n’avaient qu’à faire de la maison pour s ‘occuper du ménage et de ma sœur cadette qui frôlait la délinquance en couchant à gauche à droite, qui buvait, fumait, avait des fréquentations plutôt douteuses avec des garçons bien plus âgés qu’elle, qui n’avait que douze ans .
Du jour au lendemain j’entrai dans ce qu’on appelle le « déni ». Je me lançai à corps perdu dans les études et rattrapai mon retard scolaire en deux ans. Je veillais tout en préparant mon brevet des collèges à tenir en respect la secrétaire médicale qui cherchait à prendre le pouvoir à la maison, et veillait sur ma mère comme si elle était mon propre enfant, lui apportant ses repas, des roses fraîchement coupées dans un vase, appelant l’infirmière libérale qui faisait sa toilette dès que je me sentais débordée. Je surveillais les relations de ma sœur, je me concentrai sur le présent, me projetai dans un avenir professionnel, me fis mes premiers amis, sortis avec des garçons, tirant un trait que je voulais définitif sur cette enfance abominable qui avait failli engendrer ma mort et l’entrée dans la folie.
1994-2004
Je fis de études plutôt satisfaisantes à la Sorbonne, restai professeur des écoles deux mois avant de travailler quatre ans dans une bibliothèque parisienne.
A 28 ans je rencontrai le futur père de mon fils, hospitalisée pour tentative de suicide…….cela peut sembler aberrant mais j’avais pour ainsi dire tout oublié de ces 14 années de torture.
Epilogue
En 2006, j’accouchais d’un magnifique petit garçon………la sortie du déni fut violente, accompagnée d’une bouffée délirante qui dura deux mois…….. En février 2011, je retrouvais pour la première fois après 7 ans de séparation et de silence la maison de mon père. Ma mère était décédée depuis 1998. Je lui dit que je me souvenais dorénavant de tout, et lui demandai instamment d’avouer ses crimes, ceux de ma mère, ceux du violeur qui me louait jusqu’à ma défenestration en 1984. Il nia tout en bloc. De retour à mon domicile, je fus hospitalisée en maison de repos pour dépression grave, puis mon amie la plus proche de l’association AIVI (Association Internationale de lutte contre l’Inceste), que je fréquentais avant l’association Le Monde à Travers un Regard dans laquelle je suis aujourd’hui bénévole, m’annonça par téléphone qu’il n’y avait pas prescription au cas où je porterais plainte; j’avais eu la chance de naître quelques mois après la date butoir du 11 mars 1976.…..
En avril, le 5, je sortis du commissariat avec la copie de ma plainte……..
Mon père, mon frère et mes sœurs, toujours emmurées dans le déni, ignorent à ce jour que j’ai enclenché pour des mois voire des années la machine judiciaire, et porté cette plainte contre eux et près de 15 personnes pour viols aggravés, actes de torture et de barbarie sur mineure de moins de 15 ans…….mon père, âgé de 76 ans, risque 30 ans de prison……."
"A mon amie Sandrine Apers, présidente de l’association Le monde à travers un Regard, à Carine, ma sœur de cœur, sans qui je n’aurais jamais porté plainte, à O., mon compagnon et père de mon fils, à J., mon petit garçon, à tous mes amis des forums d’AIVI et du Monde à Travers un Regard, à tous les survivants de l’inceste, aux enfants qui subissent en ce moment en France et ailleurs les mêmes atrocités qu’il y a trente ans dans la plus grande impunité, enfin contre la loi inique de la prescription en matière d’inceste et de pédocriminalité, je dédie ce témoignage"
Source : http://www.crifip.com/temoignages/sectes-reseaux/recit-d-une-survivante-de-l-inceste.html
Avoir :
Les victimes d'inceste ont la parole.
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