23 janvier 2012 | Auteur Jacques Thomet
C’est ici un SOS que je lance vers vous, les 27 enfants présumés victimes de viols à Outreau, et majeurs à cette date précise du 23 janvier 2012, pour vous inviter à sortir de votre silence et à dénoncer les horreurs subies par vous.
Vous avez tous été entendus par les autorités avant les procès de 2004 et 2005, ou cités par vos camarades, comme ayant été des victimes présumées de viol par des adultes.
14 au moins de vos amis violés dans ce dossier n’ont pas encore atteint la majorité pour pouvoir s’exprimer, mais leur tour viendra un jour de pouvoir enfin parler s’ils le souhaitent.
Au total, plus de 53 d’entre vous ont été entendus ou cités comme victimes d’abus sexuels dans ce dossier. 12 seulement ont été reconnus comme tels aux Assises, et indemnisés. Cet appel ne concerne donc pas les 12 en question, puisque justice leur a été rendue, si je puis dire, sur le plan pécunier.
Les procès d’Outreau resteront dans l’histoire, ce que je démontrerai dans mon livre à venir, comme une immense manipulation au détriment des enfants victimes de sévices sexuels en France, et dont la parole est désormais niée dans le pays en 2012, y compris en Corse, à de rares exceptions près.
Aux Assises de 2004 et 2005 à St-Omer puis en appel à Paris, la parole des mineurs violés, la vôtre, a été bafouée, ridiculisée, ou réduite au silence par la violence d’une défense des accusés jamais tempérée par un président muet.
Deux d’entre vous, Chérif-Kevin Delay (auteur du récent livre « Je suis debout ») et son frère Dimitri, le premier à avoir dénoncé les sévices commis à Outreau, ont décidé de s’exprimer publiquement désormais pour confirmer leur tragédie. Le premier a révélé avoir été violé par au moins neuf adultes, et le second par au moins onze.
On est loin des quatre adultes condamnés à Saint-Omer !
Mon objectif ne vise pas à refaire le procès d’Outreau. C’est impossible, puisque la chose jugée profite aux acquittés. Même si 7 sur les 12 jurés en première instance ont pu déclarer l’un ou l’autre coupable – nul ne sait si ce fut le cas puisque les délibérations sont frappées du secret -, la personne en question est acquittée car il faut 8 voix sur les 12 jurés pour prononcer sa condamnation.
Par contre, tous les mineurs ayant été violés parmi vous à l’époque, et qui n’ont pas été cités aux procès de Saint-Omer et de Paris, peuvent porter plainte à tout moment, jusqu’à l’âge de 34 ans, contre tout adulte de l’époque qui leur aurait fait subir des sévices.
Compte tenu de l’impact national du dossier Outreau, et surtout des souffrances que vous avez subies et continuez de vivre sans nul doute, il va sans dire que toute plainte de votre part connaîtra une forte répercussion médiatique, bien différente du mépris dans lequel vous avez tous été affublés en 2004 et 2005 par une presse complice des avocats de prédateurs.
Sachez donc que 12 de vos copains, dont Chérif/Kevin et Dimitri, ont été reconnus victimes d’Outreau, et indemnisés à hauteur de 35.000 euros par enfant. Sachez aussi que chaque accusé de viol une fois acquitté dans ces procès d’Outreau a reçu une indemnité de 250.000 euros en moyenne ! Un enfant violé et qui en garde à jamais les marques vaut donc 7 fois moins qu’un accusé acquitté.
Mon propos ne vise pas, bien entendu, à vous faire miroiter un hameçon de 35.000 euros pour vous accrocher à mon propos, mais si certains acquittés avaient pourtant avoué leurs crimes au préalable, comme je le rappellerai dans mon livre, puis ont obtenu un tel dédommagement pour leur détention provisoire, comment des enfants devenus adultes et prêts à confirmer leur tragédie ne pourraient-ils pas prétendre à une indemnisation ?
Vous n’êtes pas hélas les seuls à avoir subi l’horreur du viol impuni en France. Deux millions de personnes en ont été victimes dans notre pays, selon un sondage que je révélerai dans mon livre.
Mais votre prise de parole publique éventuelle, individuelle ou groupée, avec plainte à la clef, donnera à une telle initiative un impact sans précédent à la lutte contre la pédophilie galopante en France depuis Outreau.
Vous ne pouvez imaginer le nombre de drames que je côtoie chaque jour dans mon investigation sur les conséquences d’Outreau. Les enfants qui dénoncent un viol, comme vous aviez oser le faire, ne sont plus entendus par la justice. Ils sont traités de menteurs, et leurs mères qualifiées de « délirantes ». Quant aux prédateurs, leurs violeurs, ils obtiennent souvent la garde des enfants, leurs victimes, devant la hantise des juges de connaître le sort du juge Fabrice Burgaud, qui avait eu le courage à Outreau de renvoyer aux Assises 17 accusés.
Si vous ne réagissez pas à cet appel, nul ne vous en voudra, moi le premier. Face à l’horreur commise contre les 12 enfants pourtant reconnus victimes à Saint-Omer, je puis comprendre votre envie de ne pas revenir sur cette page noire de votre enfance. C’est pourtant dans cette phase que se joue une vie, jetée aux orties par les sévices qu’un mineur peut y subir, pour le restant de ses jours.
Mais au-delà des éventuels succès dans votre insertion dans la société malgré ce poids indissoluble dans la mémoire, je me permets d’insister sur le rôle que vous pouvez jouer pour la rédemption de milliers d’enfants aujourd’hui sans défense, massacrés et réduits au néant dans l’horreur qu’ils revivent au quotidien dans leur mémoire putréfiée par ces crimes.
Voici les prénoms des 27 enfants devenus majeurs à cette date et à qui je fais appel :
- Céline
- Jimmy
- Emeline
- Tony
- Steeve
- Johann
- Rudy
- Elodie
- Aurélie
- Aurélien
- Virginie
- Jérémy
- Céline (une autre)
- Mickael
- Morgan
- François
- Priscilla
- Jonathan
- Gwendoline
- Dimitri (rien à voir avec Dimitri Delay)
- Thomas
- Bruno
- Jérémy (un autre)
- Rachel
- Kelly
- Julien
- Maxime
Vous pouvez me répondre sur cette adresse internet, et je vous contacterai aussitôt.
Jacques Thomet
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